Conducteurs et isolants

 

(…) Stephen Gray cherche en 1729 de nouveaux corps électriques, capables, comme l'ambre ou le verre, d'attirer les corps légers par frottement. Il est impossible d'obtenir la moindre attraction en frottant des métaux. Mais ne serait-il pas possible de transmettre les effluves électriques d'un tube de verre frotté à un objet métallique?  

Alors qu'il vérifiait l'électrisation d'un tube de verre frotté en testant l'attraction qu'il exerce sur des plumes, Gray constata que celles-ci sont attirées aussi bien par les bouchons de liège qui ferment le tube pour éviter l'entrée de la poussière que par le verre. La «vertu électrique» se transmet donc du corps frotté, le verre, à un corps simplement en contact avec lui, le bouchon.  

Le contact peut être prolongé: une corde fixée au bouchon transmet cette «vertu» jusqu'à une boule d'ivoire accrochée à son extrémité. Pour tenter la transmission sur une plus grande distance, il suspend une longue corde de chanvre le long d'une galerie, avec plusieurs aller et retour, maintenue horizontale à l'aide de ficelles fixées au plafond. Mais il n'y a alors plus aucune attraction électrique sur la boule d'ivoire fixée à l'extrémité de la corde…  

Un ami suggère à Gray de remplacer les ficelles qui soutiennent la corde par des fils de soie qui, beaucoup plus fins, ne devraient pas laisser échapper les effluves électriques. L'expérience réussit alors: les attractions sont transmises au bout d'une corde de chanvre de plus de 200 m. Un des fils de soie s'étant cassé, Gray et son ami le remplacent par un fil de cuivre, aussi fin mais plus solide. Étonnement: il n'y a plus aucune attraction sur la boule d'ivoire. Gray tire cette conclusion: «Quand les effluves arrivent aux fils métalliques qui supportent la corde, ils passent par ceux-ci jusqu'aux poutres où ils sont fixés et ne progressent plus le long de la corde». Ce qui importe, comprend-il, c'est la nature du fil et non sa finesse.

Tous les corps sont alors testés pour découvrir quels sont ceux qui «laissent perdre» la vertu électrique et ceux qui la conservent. Les métaux, l'eau, mais aussi les légumes transmettent les effluves. Le verre, la résine, les cheveux les conservent. Pour d'autres substances, les résultats sont incertains. Ces expériences où le chanvre et la soie se comportent différemment, où les résultats dépendent de l'humidité de l'air et d'autres facteurs encore, étaient bien difficiles à débrouiller. Gray parvient à distinguer deux catégories de corps: les conducteurs, qui laissent s'enfuir les effluves électriques, et les isolants, qui les conservent à leur surface. Les corps conducteurs sont aussi ceux qui ne peuvent pas s'électriser par frottement.


Extrait de Yahoo ! Encyclopédie


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