Conclusion

Je vais clore ce portrait de François-René de Chateaubriand, par ces nobles paroles qui nous laissent rêveurs. Portrait, du reste bien incomplet René était-il sincère ? Que pensait-il vraiment ? La seule réponse propre à nous satisfaire est dans son écriture, la magie de son verbe répandue dans son oeuvre, surtout dans ses Mémoires. Le bel hommage à son épouse que l’on y trouve, est dans l’exacte tonalité que Chateaubriand donne à ses portraits de femmes. Il est dans la distance qu’il prend pour parler d’elles. La bienséance est de mise. Chaque femme est placée sous un éclairage choisi. Pas toutes d’ailleurs : certaines amoureuses, follement aimées ne sont même pas citées dans l’histoire de sa vie. Ces passions ardentes ne figurent pas dans le mausolée splendide un peu froid des Mémoires d’outre-tombe. Tout au long de ces pages, où il égrène, comme un chapelet de perles rares, les noms et les moments attachés aux femmes de sa vie, on cherche la chair sous le verbe.

Nous rencontrons Juliette, madame Récamier, longuement embaumée dans les voiles de la pudeur respectueuse ; Pauline de Beaumont, gracieux génie funèbre, mieux aimée d’être morte ; sa soeur Lucile, drapée de noir, prophétesse du malheur ; Céleste embellie, à vénérer comme une sainte. C’est dans sa correspondance que l’on retrouve l’homme tel qu’il est, sans la pose avantageuse qu’il aime prendre ; dans ces lettres, ces billets enflammés qu’il envoie à Cordélia, interceptés par les gens de la police de Descazes. On le retrouve aussi dans un curieux récit qu’il a écrit Amour et vieillesse connu sous le nom de La confession délirante que Sainte Beuve publia, quinze ans après la mort de l’auteur.

Pour nous les Mémoires d’outre-tombe restent un superbe monument de notre littérature française. On aime à visiter ce chef d’œuvre, comme les grands musées de notre patrimoine... Chateaubriand nous promène à travers les salles de sa mémoire où défilent les événements, les personnages de notre histoire, de son histoire dans une prose si séduisante qu’elle justifie le surnom d’Enchanteur donné à son auteur.

Ce soir, c’est en Italie, à Rome, que nous l’avons suivi. il pourrait nous conduire une autre fois à Venise où la rencontre de l’écrivain et de la ville, s’écrit dans des pages splendides.

 
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©mhviviani