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Consul de France
Le voilà à Trieste, froid rivage de lAdriatique, débouché principal de lAutriche. Mais lItalie quil a toujours au cur, plus que jamais puisquil est aimé de Giulia, nest plus le pays de ses rêves. Il se sent exilé dans cette ville, sous mandat autrichien. Arrivé le 25 novembre 1830, tout de suite il se plaint de la Bora, cette espèce de mistral abominable. Il sinstalle dabord à lauberge Acquila Nera et note avec sa concision habituelle : toute ma vie est peinte par mon dîner. Mon haut rang exige que je dîne seul. Premier ennui. Second ennui : on me sert douze plats. Je crève dennui. Le ton est donné. Lamoureux de la belle Italia vivra ses fonctions consulaires comme une corvée, une défaite. Mal vu à Trieste, la bonne société locale lignore Il attend lexequatur autorisation d'exercer ses fonctions du gouvernement autrichien persuadé du caractère dangereux de ses principes politiques. Trois de ses ouvrages ont été censurés (Histoire de la peinture en Italie, Rome, Naples et Florence 1817 et 1827 et les Promenades dans Rome).
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Venise et le lion de Carpaccio
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Aussi, laisse-t-il souvent cette ville peu hospitalière pour sinstaller à Venise, au cours de lhiver 1830-31. (Vous avez sous les yeux, la Piazzetta et le palais des doges en restauration, photo faite en 2001. Sur la toile recouvrant les échafaudages, vous reconnaissez le lion de Saint Marc, peint par Carpaccio). Stendhal aime les Vénitiens depuis le premier séjour quil fit chez eux en 1817. Il adore : leur amabilité folle. Chez eux écrit-il : tout est sous-entendu, vif, joyeux, allègre. Le fils du Doge est aussi gai que le gondolier." Stendhal aime cette ville : la plus civilisée de lEurope, mais il ajoute : jabhorre Bonaparte de lavoir sacrifiée à lAutriche. Cet hiver-là, sa présence préoccupe les autorités autrichiennes. Le directeur général de la police de Lombardie le signale comme un sujet très dangereux, auteur de toutes sortes duvres les plus pernicieuses. Ni sa conduite, ni ses discours ne plaisent. Metternich, Chancelier d'État autrichien, refuse lexequatur à cet homme peu maniable, qui scandalise les salons convenables. Il ne sera pas consul à Trieste. Beyle, outré, écrit à ses amis parisiens. Finalement, grâce à leurs bons offices, il obtient un poste consulaire à Civita Vecchia. Poste de second ordre, peu enviable !
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